Reflexions pour28 décembre 2024

Que peut bien signifier la phrase de l'auteur de l’épître «nous n'avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous recherchons celle de l'avenir.» ? Dans le contexte le plus proche, dans lequel cette phrase a été dite, on peut la comprendre, comme un rappel que le Royaume, dont le Sauveur a apporté dans le monde, par Ses propres mots, «n’est pas de ce monde». Un tel rappel après la catastrophe de 70, lorsque furent détruits Jérusalem et le Temple, était très actuel: puisqu’il commençait alors à sembler que la destruction de la ville et du Temple signifiait l'échec des espoirs du triomphe du Royaume dans le monde, et ceci même chez plusieurs chrétiens.

On peut aussi le percevoir comme l'avertissement contre le messianisme militant, qui après l’an 70 ne s'est pas du tout éteint (la dernière grande révolte messianique de l'antiquité a eu lieu environ un demi-siècle après la destruction de Jérusalem). Mais cette expression a un autre contexte, plus large, particulièrement actuel de nos jours, quand l'histoire appelée christianisme, compte déjà deux millénaires. En effet : peut-on dans un tel cas de manière générale parler de la culture chrétienne, de la civilisation chrétienne, des États chrétiens? Et oui, et non.

Certes, il n’y a jamais eu dans le monde, et il n’y aura d’institutions ni gouvernementales, ni public, ni religieuses, qui seraient en état de résoudre cette tâche, qui se pose devant l'Église: témoigner du Royaume, qui «n’est pas de ce monde», et apporter ce Royaume dans le monde. L'histoire du Royaume dans notre monde c’est l’histoire de la justice chrétienne, l'histoire de la sainteté, nous faisant savoir ce que c'est le christianisme, c’est-à-dire la vie dans ce Royaume, qu'a apporté le Sauveur dans le monde, et comment l’histoire est dans différentes époques historiques.

Mais, puisqu'on peut parler du christianisme et, plus largement, des valeurs bibliques, puisqu’on peut parler de la Torah, comme d’une loi donnée par Dieu, autant on peut parler des sociétés et des gouvernements qui suivent ces lois ou pas, autant on peut parler des cultures et des civilisations qui sont guidées par ces valeurs ou qui les négligent.

Et aussi parler dans quelle mesure ces gouvernements, sociétés, cultures et civilisations sont acceptables ou inacceptables pour le Royaume. De ce qui peut entrer dans le Royaume, s'étant transformé et devenu une partie de celui-ci, et ce qui n'entrera jamais à cause de son incompatibilité totale avec lui.